Prix Goncourt des lycéens 2019

Qui n’a jamais rêvé en qualité de lecteur de faire partie d’un jury littéraire prestigieux pour élire son livre coup de cœur ?

L’aventure Goncourt a duré 3 mois, 3 mois d’intenses lectures, d’échanges et de rencontres.
C’est d’abord avec timidité que la classe de 1ère 6 du Parc Impérial s’est lancée dans l’aventure du Goncourt des lycéens, véritable marathon littéraire !
Après un temps consacré à la lecture et à l’analyse des différents romans, nos jurés sont allés à la rencontre de 8 auteurs sur les 14 en compétition. Ils ont posé leurs questions et se sont fait dédicacer les ouvrages. Ces rencontres ont renforcé leur envie de découvrir l’univers des romans en lice.
De retour à Nice, une période de discussion et de débat a permis d’élire les trois romans préférés de la classe.
Ils ont également désigné l’élève qui allait défendre leur trio littéraire lors des délibérations régionales à Marseille, Myléna Gourdon. Elle a brillamment défendu leurs titres lors du huis clos réunissant les jurés de la Région Sud.
Ses qualités d’oratrice lui ont permis d’être élue déléguée nationale et de partir à Rennes pour défendre les choix de la Région Sud.
Le jury a délibéré le 14 novembre et a annoncé en public et devant les différents médias le nom de la lauréate Karine Tuil pour son roman « Les choses humaines ».
Nous vous proposons de lire l’article de Myléna Gourdon qui met en valeur le choix des jurés du Goncourt lycéen 2019 !

« Ce qui nous a plu, la force et la finesse de l’écriture, le thème d’actualité, certes, mais traité de façon originale, la réflexion profonde sur nos agissements et la complexité des choses humaines ». C’est ainsi que Victor Belin, président des jurés du Goncourt des lycéens 2019 a justifié notre choix pour le roman Les Choses humaines de Karine Tuil, publié chez Gallimard. Celle-ci, déjà récompensée la veille avec le prix Interallié, n’a pu contenir sa joie lors de l’appel de Victor, annonciateur de sa victoire.
Ce roman met en scène un couple célèbre et haut placé : Claire et Jean Farel. Elle est une essayiste féministe très active, lui est un journaliste qui tente de se maintenir au sommet malgré ses 70 ans. Lui s’intéresse davantage à son image sur les réseaux sociaux qu’à sa famille ; elle défend les droits des femmes et s’engage avec ferveur dans le débat autour d’une affaire de viol à Cologne. Ils ont un fils, Alexandre, brillant élève à Stanford, université californienne. Cette famille, en apparence parfaite, voit sa vie basculer lors d’une accusation de viol contre leur fils unique : c’est leur monde et les certitudes qu’ils entretenaient qui vont s’effondrer.
Ce sont des personnages que nous n’avons pas l’habitude de côtoyer et c’est cela qui accroche le lecteur. Karine Tuil les introduit longuement afin que nous tissions un lien avec ces caractères pourtant froids, distants et hors de notre portée. Mais elle a su camper des personnages nuancés et subtils, en témoigne le dilemme de Claire : malgré ses idéaux, elle ne parvient pas à croire à la culpabilité de son fils. Les choix narratifs de l’auteure sont originaux et parfois déroutants : Alexandre occupe une grande place, nous avons tous les éléments pour comprendre ce qui l’a poussé à agir. On saisit ainsi un peu mieux sa détresse, sa solitude. C’est un choix des plus intéressants.
De plus, Karine Tuil nous plonge dans les coulisses de la cour d’assises, au cœur du procès et aborde des questions aussi complexes que le viol, le consentement, le droit des femmes, la médiatisation à travers les réseaux sociaux, la loi du plus fort. C’est un miroir tendu à notre société, c’est un miroir sur la vérité humaine dans toute sa faiblesse, sa richesse et sa complexité. C’est une histoire comme il aurait pu y en avoir d’autres, mais l’auteure nous la livre d’une façon captivante qui lui est propre. Voilà pourquoi ce roman est un chef-d’œuvre de la fragilité et de la vanité des choses humaines. Voilà pourquoi il est aujourd’hui un Goncourt des lycéens.

Myléna Gourdon